vendredi 7 décembre 2007

Veolia monte son commando de nettoyeurs

Voila une idée quelle est bonne


«Ne sous-estimez pas les convictions environnementales de nos salariés…» Pascal Gauthier, patron d’une filiale de Veolia Propreté présentait mercredi, lors du salon Pollutec (lire ci-contre), la toute nouvelle Veolia Waste Force qui sera opérationnelle en janvier. Son objectif : l’intervention d’urgence sur des sites menacés par des déchets toxiques, sous la direction d’une unité spéciale de l’ONU (1) chargée d’envoyer des équipes d’experts en urgence, à la demande des gouvernements, en cas de catastrophe écologique.


Une vingtaine de volontaires de Veolia sont donc susceptibles d’intégrer ces équipes sur des zones de crise (fuites toxiques, marées noires…) avec l’objectif d’avoir un expert sur place en vingt-quatre heures. «Il sera là pour répondre aux premiers besoins, explique André Zech, cadre d’une filiale de Veolia Propreté et cheville ouvrière du projet. Faire un diagnostic de la situation, s’occuper de la mise en sécurité, réaliser les premières analyses…» Une deuxième équipe, plus spécialisée, rejoindra le site pour approfondir le diagnostic, faire venir du matériel et organiser la sortie de crise. En une dizaine de jours. «Notre mission s’arrête quand la mise en sécurité initiale est achevée, précise André Zech. Nous faisons alors une proposition de gestion post-crise que nous transmettons à l’ONU et à l’Etat local.»

«Procès d’intention». «On a lancé l’idée à quelques-uns, par bouche-à-oreille, raconte un des initiateurs, spécialiste de logistique des déchets dangereux. C’est une façon de faire de l’humanitaire dans le cadre de notre travail.» Si son acronyme (VWF) rappelle étrangement celui d’une célèbre ONG, Veolia Waste Force est une organisation de solidarité internationale, à but non lucratif, financée par Veolia, animée par ses experts, mais avec une gouvernance indépendante afin de «prévenir tout mélange des genres vis-à-vis d’éventuels intérêts commerciaux», note Pascal Gauthier, qui préside l’association.

Les responsables de Veolia ne cessent d’insister sur cette autonomie vis-à-vis du groupe, conscients du «procès d’intention» qui pourrait être fait à une multinationale qui investit dans l’humanitaire – 2,5 millions d’euros prévus sur les trois premières années – et pourrait en espérer des retombées autres que symboliques : «Le fait de travailler sous mandat de l’ONU est une garantie de notre neutralité, c’est la clé», assure André Zech. «Ça fait partie de ces nouveaux partenariats que l’ONU développe avec le privé, précise la porte-parole de l’unité onusienne. Le but, c’est d’être efficace, de bénéficier d’un savoir-faire pointu. Ces experts ne seront pas là en tant que salariés de Veolia, mais comme membres de nos équipes.»

«Prévenir». A Greenpeace France, on est plutôt sceptique. «J’ai du mal à leur faire confiance et à imaginer qu’il ne s’agit pas de mettre un pied dans un pays pour promouvoir de futurs marchés, s’inquiète Yannick Vicaire, chargé des produits toxiques au sein de l’ONG. C’est pratique pour l’ONU, pour répondre aux urgences, mais ce qu’on attend de Veolia, ce sont des vraies solutions en amont, pour prévenir ces crises, en limitant la production de déchets.»

«On jugera sur les actes, répond un cadre de Veolia. Si on fait trois actions et qu’on se rend compte qu’il y a trois contrats de Veolia derrière, moi j’arrête.»

(1) Créée en 1994, cette unité vouée aux urgences environnementales est copilotée par le Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue) et le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (Ocha).

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