dimanche 11 novembre 2007

Encore une histoire de gènes !

On va pas se gêner !

SI l'on devient gros et malade, ce n'est pas la faute à la malbouffe, ce sont nos gènes qui ne tiennent pas la route : la « nutrigénomique » est la dernière trouvaille de l'agroalimentaire pour éviter de porter le chapeau de l'« épidémie » d'obé­sité et des sympathiques maladies qui suivent (diabète sucré, hyper­tension...). En clair, vous pouvez vous goinfrer de barres chocolatées et de pizzas industrielles, rien ne vous arrivera de fâcheux si vous pos­sédez les « bons » gènes.

Il y a quinze jours, le concept im­porté des Etats-Unis était présenté aux journalistes lors d'un petit dé­jeuner chez Ladurée, un salon de thé chic, avec autour de la table deux chercheurs de l'Inserm conviés par l'Institut français de la nutrition - ce « faux nez » monté par presque tous les industriels de l'agroalimentaire, de Coca-Cola à la Fédération na­tionale des industries de corps gras. Avec au menu des questions du type : peut-on prendre en compte le profil ADN de chacun pour une pré­vention nutritionnelle plus adap­tée ? Sous-entendu, comment tordre le cou une fois pour toutes aux po­litiques de santé publique qui nous incitent à manger moins gras, moins salé, moins sucré ? Pour nous bour­rer le mou, l'agroalimentaire spon­sorise la recherche sur le sujet et a même convaincu Bruxelles de mettre sur la table 14,5 millions d'euros.

Sauf que tout ça, c'est du flan. Comme le dit un chercheur, qui ré­clame l'anonymat pour conserver ses contrats avec l'agroalimentaire, « manqer en fonction de ses gènes, c'est de la science-fiction. Au­jourd'hui, la seule façon efficace de rester en bonne santé est de suivre les recommandations nutritionnelles ».

Dommage, on aurait aimé la pub : vous êtes génétiquement pro­grammé pour la quiche industrielle et le ravioli en boîte.

« Le Canard Enchaîné » mercredi 6 juin 2007

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