lundi 12 novembre 2007

MARCHÉ DE L'ART • Sotheby's prend une claque

La société américaine de ventes aux enchères est restée cette semaine avec un Van Gogh de 35 millions de dollars sur les bras. Résultat, son cours en Bourse a dégringolé. Voilà qui sonne peut-être la fin de la flambée des prix sur le marché de l'art, estime The Guardian.
Les champs de blés, le tableau de Van Gogh
AFP
Après une décevante vente d'art moderne et impressionniste, mercredi soir [7 novembre] à New York, l'action de Sotheby's a chuté de près de 37 %. Cela signifie-t-il que la bulle du marché de l'art est en train de se dégonfler ?

En tout cas, après onze années de forte croissance, la mésaventure de Sotheby's retentit comme un signal d'alarme. Les analystes ont été particulièrement effarés de voir que Les Champs de blé, peint par Van Gogh deux semaines avant son suicide, et probablement sa dernière œuvre achevée, n'avait pas trouvé preneur. Sotheby's estimait la valeur du tableau à près de 35 millions de dollars. L'Echo de Georges Braque, estimé à 20 millions de dollars, n'a pas eu plus de succès. Au final, la vente de mercredi n'aura rapporté que 270 millions de dollars [184 millions d'euros] à Sotheby's, soit 131 millions de moins que ses prévisions les plus pessimistes.

Cette déconvenue a été particulièrement néfaste au cours en Bourse de la société car 26 des lots mis en vente, dont le Van Gogh et le Braque, étaient "garantis", ce qui signifie que Sotheby's s'était engagé à verser un prix minimal aux propriétaires des œuvres même si celles-ci n'étaient pas vendues [Sotheby's possède désormais ces tableaux]. Selon certains spécialistes, la valeur totale des garanties se monterait à 240 millions de dollars, ce qui ne laisserait que 30 millions à Sotheby's pour payer l'organisation et la publicité autour de la vente. "C'est catastrophique", commente Milton Esterow, directeur de la rédaction du magazine Art News de New York. "Le coût de cette vente est considérable. Sotheby's avait même envoyé un tableau à Hong Kong pour essayer de persuader un possible acquéreur."

Alors que ces dernières années le prix des grandes œuvres d'art a quadruplé, tout le monde se demande aujourd'hui si la mésaventure de Sotheby's est un simple accroc, ou si elle amorce une phase de réajustement du marché. Les optimistes soulignent que la moitié des pièces vendues par la société ont été acquises par des collectionneurs américains. Or, on craignait que la crise des crédits hypothécaires à risque qui a sévèrement ébranlé les banques et les fonds d'investissement américains ces derniers mois ne se traduise par un retrait des acheteurs locaux. "L'élite du marché de l'art ne dépend pas des bonus de Wall Street", soutient le collectionneur Jeffrey Gundlach.

A présent, tout le monde attend les ventes d'art contemporain organisées par Sotheby's et Christie's à New York la semaine prochaine. "Ce sera un vrai test, puisque c'est dans le domaine de l'art contemporain que les prix ont véritablement explosé", poursuit Gundlach.
Les enjeux sont énormes. Ainsi, il est probable que [le Britannique] Damien Hirst aurait réfléchi à deux fois avant de réaliser For the Love of God – réplique en platine d'un crâne humain incrusté de 8 601 diamants – s'il n'avait pas été sûr et certain qu'il se trouverait un acquéreur prêt à débourser 100 millions de dollars pour l'acheter [prix auquel cette création a été vendue fin août à Londres].

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