dimanche 11 novembre 2007

La mort pour les nuls

La mort pour les nuls

Qu’elle soit accidentelle, naturelle, instantanée, atroce, héroïque, solitaire, douloureuse, inutile, volontaire, paisible ou tragique, qu’on la redoute ou qu’elle nous indiffère, la mort est une expérience inéluctable …et mystérieuse. Heureusement, le Web répond à (presque) tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la mort, sans jamais oser le lui demander…

  • Quand commence la mort?

Même pour un enfant de 5 ans, pas besoin de consulter un dictionnaire pour savoir que la mort est la «cessation de la vie». En France, bien que le droit se préoccupe de la mort sous de multiples aspects, il n'existe pas de véritable définition légale de la mort; dans le code civil ou pénal français, une personne est déclarée morte quand un médecin qualifié estime qu'elle est morte.

N’importe quel médecin sait reconnaître un cadavre, mais les choses se compliquent sérieusement quand il doit définir les critères physiologiques qui distinguent la vraie mort de la simple perte de conscience. Surtout que l’on sait maintenant grâce à l’imagerie cérébrale que même après plusieurs mois d’état végétatif chronique, des patients montrent une activité cérébrale quasi normale.

La douleur provoquant des réactions de défense, même lors de comas très profonds, certains médecins s’assuraient jadis de la mort de leur patient en leur mordant l’orteil (d’où l’expression croque-mort).

L’arrivée de l’électroencéphalogramme (EEG) -qui enregistre l’activité cérébrale- a permis aux médecins de s’affranchir du cannibalisme et de caractériser l’état de mort cérébrale, la seule forme de mort reconnue par l’Académie nationale de médecine. Deux tracés EEG plats de plus de 30 minutes réalisés à un intervalle de 4 heures, et la personne est déclarée en état de mort cérébrale.


Mort cérébrale
envoyé par lletortjm

Mais la définition de la mort est loin de faire l’unanimité parmi les médecins et elle soulève de nombreux problèmes éthiques, notamment pour les prélèvements d’organes. A Cuba, en mai prochain se tiendra le 5e Symposium International pour la Définition de la Mort. Ce congrès rassemblera des dizaines de neurologues, anesthésistes et philosophes venus du monde entier pour cerner les limites de la vie.

  • Qu’est-ce que ça fait de mourir?

Nous savons tous que nous allons mourir, mais, même avec l’aide des statistiques, on ne sait jamais comment, et c’est peut-être mieux ainsi. Les témoignages d’expériences de mort imminente (NDE) laissent penser que mourir n’est pas si désagréable que ça.

A ceci près qu’il ne s’agit pas de mort véritable puisque les sujets en sont revenus! Qu’elle soit accidentelle, due à la maladie et/ou la vieillesse, la vraie mort succède à une défaillance généralisée de l’organisme: une expérience probablement assez douloureuse.

En s’appuyant sur des témoignages de rescapés et de médecins, Anna Gosline a décrit dans le magazine New Scientist ce à quoi doivent ressembler les derniers instants d’un noyé, d’un cardiaque, d’un électrocuté, d’un défénestré, etc. Entre la suffocation et l’impression de brûler de l’intérieur, le voyage vers l’autre monde n’a rien d’une partie de plaisir. Une chose est sûre: une fois commencée, plus la passion est brève, moins elle est pénible.

C’est pour cette raison que les états qui continuent d’appliquer la peine de mort s’efforcent de recourir aux méthodes d’exécution qui provoquent la mort la plus rapide. En dépit d’études qui citaient des condamnés bougeant les yeux 30 secondes après leur décapitation, notre guillotine nationale reste probablement la technique de mise à mort la moins douloureuse. Un étude publiée en 1991 a en effet montré qu’un rat décapité devenait inconscient après 2,7 secondes. Pour l’homme, les chercheurs ont extrapolé un délai d’environ 7 secondes. A comparer aux longues minutes d’asphyxie de l’injection létale, ou de brûlure et de tétanie de la chaise électrique.

  • Que faire des morts?


L’homme est le seul animal à s’occuper de ses morts. En Europe occidentale, jusqu’à très récemment, la plupart des corps étaient enterrés. Moins coûteuse, plus hygiénique et occupant moins d’espace que l’inhumation, la crémation tend à s’imposer depuis la fin du XXe siècle.

En France, où moins d’1% des familles recouraient à la crémation en 1980, elles étaient près de 23,5 % en 2004. Un sondage réalisé en mai 2007 par le Credoc montre que 40% des Français de plus de 40 ans comptent se faire incinérer.

L’émergence de préoccupations écologiques pourrait conduire les familles à se tourner vers une troisième solution: la promession. Ce procédé funéraire, mis au point en 1999 par la société suédoise Promessa, consiste à plonger le corps dans un bain d’azote liquide puis, une fois congelé, à le réduire en poussière sur une table vibrante. Cette poussière est ensuite «séchée», ce qui réduit son poids de 70%, puis placée dans un sac biodégradable que Promessa conseille d’enterrer au pied d’un arbre.

Quoiqu’il en soit, certains ne peuvent se résoudre à voir leurs proches disparus finir en compost ou dans une urne. C’est notamment le cas de l’artiste Jason Shulman, qui a utilisé les restes incinérés de son père pour créer une sculpture, baptisée «A Piece of my Father».

Quant à ceux qui n’ont pas le talent artistique de Shulman, ils peuvent transformer le corps de ceux qu’ils aiment en… diamant. La société hollandaise LifeGem commercialise en effet un procédé high-tech qui permet de synthétiser des diamants bruts à partir du carbone collecté dans la dépouille d’un être cher.

DR ¦ La Mort amoureuse


Yaroslav Pigenet
20Minutes.fr, éditions du 31/10/2007 - 15h30

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