jeudi 29 novembre 2007

Le Moyen Age n'est pas loin

Pour un peu il fallait qu'elle dise merci!

L'enseignante britannique arrêtée au Soudan et inculpée pour atteinte à l'islam, incitation à la haine et sédition a été condamnée, jeudi 29 novembre, à quinze jours de prison et à l'expulsion définitive du territoire soudanais, a expliqué un de ses avocats. "Le juge a estimé que Gillian Gibbons était coupable", a affirmé Ali Mohammed Hajab, à la sortie du tribunal de Khartoum-Nord. Un autre de ses défenseurs a précisé que Mme Gibbons devra purger sa peine 'à partir du jour de son arrestation'.

"C'est un verdict très juste, a estimé Robert Boulos, directeur de l'école qui employait l'institutrice. Elle aurait pu être condamnée à six mois [de prison], des coups de fouet et une amende, et elle n'a eu que quinze jours." Mme Gibbons risquait jusqu'à un an de prison ou quarante coups de fouet pour avoir permis à ses élèves de baptiser un ours en peluche "Mahomet".

LONDRES "EXTRÊMEMENT DÉÇU"

Le cas de Mme Gibbons, arrêtée dimanche après que des plaintes avaient été déposées à son encontre au ministère de l'éducation soudanais, a provoqué des tensions diplomatiques entre Londres et Khartoum. A la suite de sa condamnation, le ministère des affaires étrangères britannique a fait savoir qu'il était "extrêmement déçu" par la décision de justice.

Avant même la condamnation, des diplomates soudanais avaient pourtant jugé "improbable" toute condamnation de l'enseignante. "Mme Gibbons bénéficie d'un soutien consulaire. Il n'y a aucune inquiétude à avoir de ce côté, elle sera bien défendue et bien traitée (...). Au cas improbable où elle serait condamnée, il y a un processus d'appel", avait déclaré le porte-parole de l'ambassade du Soudan à Londres.


Suite

Manifestation hostile à l'enseignante britannique au Soudan


Plusieurs centaines de personnes ont manifesté vendredi, après la prière, dans le centre de Khartoum, pour dénoncer la clémence du jugement prononcé jeudi contre une enseignante britannique accusée d'insulte à l'islam.

«Punie par balles»

Gillian Gibbons, une enseignante de 54 ans originaire de Liverpool, dans le nord de l'Angleterre, a été condamnée jeudi soir à 15 jours de prison et à être ensuite expulsée du pays pour avoir laissé des élèves de 6 à 7 ans donner à un ours en peluche le nom de Mohammad, nom du prophète (écrit souvent Mahomet en français). En vertu de l'article 125 du code pénal soudanais, elle était passible de six mois de prison, de 40 coups de fouet et d'une amende.

Les manifestants, qui ont convergé de diverses mosquées de la ville à l'appel du Comité des oulémas du Soudan et des partisans du prophète, criaient plusieurs slogans, dont l'un demandant de «punir par des balles ceux qui insultent le prophète». L'un des imams présents, cheikh Hussein Moubarak, a dénoncé «ceux qui prétendent défendre la démocratie et les droits de l'Homme et insultent le prophète». Il les a accusés de «vouloir transformer le Soudan en un Etat chrétien», affirmant que l'enseignante britannique était venue au Soudan avec «ce dessein».

Le porte-parole de l'ambassade britannique à Khartoum n'a pas voulu préciser le lieu de détention de l'enseignante mais indiqué qu'elle gardait «un bon moral». «Le consul et l'adjoint de l'ambassadeur lui ont rendu visite ce matin et elle va bien», a déclaré ce porte-parole.

Mauvaises relations entre Khartoum et Londres

Le ministre britannique des Affaires étrangères, David Miliband, a indiqué rechercher une «solution rapide» de l'affaire qui a pris une tournure diplomatique sur fond de mauvaises relations entre Khartoum et Londres.

20Minutes.fr, éditions du 30/11/2007 - 13h44

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